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mardi 30 décembre 2008

le carnet de voyage (10) - avril à septembre 2007

Semaines 11, 12 et demi… - Laos Cambodge - 23 juillet 2007

Non, je ne suis ni disparu ni noyé dans le Mékong... mais je suis en retard pour les onzième et douzième épisodes. Mais j'vous jure, c'est pas d'ma faute à moi... y'a comme qui dirait tout qui s'est ligué contre moi : des complots ourdis, des pièges fourbis, des nuées de fourmis, une toxi-infection alimentaire sournoise de dernière minute qui m'a cloué au lit, un gourbi et plusieurs gri-gris. Dingue ! L'avantage c'est qu'en 2 semaines et demie, tout se compacte et s'éloigne, qui s'enfuit déjà (le petit chat est mort, le muscat du dimanche...), et je vais donc aller plus vite. Bon, on y va.

De Vientiane où je vous avais quittés, triste comme un menhir (je fais une variétite, une inflammation de la variété française, c'est le mal du pays, dit-on), je retiens par exemple essentiellement le sandwich baguette au pâté de foie de porc, la poussière et une lenteur moite tout à fait délicieuse. On a aussi vu un beau lac artificiel et un parc aux bouddhas - sorte de minigolf décoré de statues en béton armé mal agencées, moches et déjà rongées par l'humidité, les parcours et les trous en moins, bien evidemment (les curieux trouveront sur Google une illustration criante de vérité de ce dont je vous parle). On a rencontré notre contact mystère, que j'appellerai simplement FRANCK, et qui nous attendait de pied ferme pour nous inviter au meilleur restaurant français (provencal de surcroit) du sud-ouest asiatique : pissaladière, rosé de provence frais et anchois délicatement salés. Personnel lao style parlant français avé l'assent. Il ne manquait même pas la cigale : en céramique émaillée sur le mur, façon mas typique, mais quand même... un grand moment. Je n'en dis pas plus pour ne pas nuire à sa réputation (au contact, qui m'a proposé un boulot au Laos, d’aileurs. Maman, j'ai refusé poliment, mais on reste en contact). Comprend qui doit, ou qui peut.

Et pis soudain, vlan! On est partis sur un coup de tête pour le sud du Laos, dans un bus de nuit disco (D-I-S-C-O, elle est D-I-S-C-O. elle est D délicieuse, elle est I irrésistible, elle est S super sexy, elle... oups, pardon). Des rideaux en velours violet, un karaoké thai à donfe et une parure à l'aérographe digne des trucks américains les plus roccoco. Enoooorme, comme dirait l'autre. On a dormi, quand même, et on est arrivés à Pakse le dos en vrac et le coeur en fête (chante la vie chante, comme un voyou comme un fou comme un chien, talatata. eh hop! variétite compliquée d'une fugainose, c'est du sérieux). On a fourbi une petite 110cc, un mini sac à dos et un parapluie pour 2 (avec toi, on n'est pas pieds nus...) et on a mis le cap sur le PLATEAU DES BOLOVEN (google earth?). C'est un haut plateau assez sauvage, une sorte de trou de verdure où chantent des rivières, des buffles à bosse, des cascades, des rizières, de jolis villages perdus et des caféiers à perte de vue (enfin, c'est le contraire d'un trou, puisque c'est un plateau. Plutôt une protubérance, mais si Rimbaud avait écrit, c'est un bouton de verdure, il n'aurait peut-être pas fait recette). En tout cas, c'est incroyablement beau, et avec la montagne fière, ça mousse de rayons, même, je dirais.

Y fleurit un des meilleurs cafés du monde, au goût de caramel et de chocolat. Les quelques cascades qu'on a vues, gonflées par les eaux de cette mousson profuse, étaient proprement hallucinantes, de hauteur ou de puissance ou de largeur ou de majestueux vacarme ; et tout à la fois pour l'une d'entre elles, proprement hallucinante tout court. Elles levaient des rideaux de brume épais et opaques (épé-Z-é-T-opak ?) qui rendaient pratiquement impossible leur observation... Aussi se transmet-on leur description par tradition orale et dois-je me contenter de vous en parler. Non, je déconne. Si vous trouvez des photos sur internet, ceci dit... on a parcouru en 3 jours pas loin de 400 km de routes asphaltées (peu), puis de pistes de lathérite (beaucoup), puis de terre et de sable (beaucoup trop), enfin de boue (aaaaargh). On a crevé à 12km de la dernière agglomération et à 38 de l'étape déjeuner. Un pickup nous a pris, on a chargé la mule (nous au sens propre, sur son pickup, lui au sens figuré, en nous demandant à l'arrivée exactement 6 fois le prix que nous demanda - 10 minutes plus tard, montre en main et mégot dans l'autre - le garagiste pour la pose sans bavure d'une rustine à l'ancienne (au fer a repasser). Ah oui ! Et on a bouffé comme des rois dans des marchés surgis de nulle part, aussi. En particulier un boudin de porc fait directement dans le colon spiral de l'animal, hop! Sans le dérouler. Vas-y que je te pousse la sanquette et le gras directement et que je te jette ça sur le barbecue. Du coup, les fibres végétales que tu as dans les dents, tu sais pas trop si elles sortent de la sauce préparée ou du bol alimentaire du bestiau. Mais dans la petite sauce au piment qui le fait bien, c'est tout à fait divin. On a aussi bu du café, et bu du café, et bu du café.... rhaaaaaaaaaa!

Le lendemain a commencé mon marathon de la poisse. Vio', si tu lis, ce paragraphe est pour toi : le vent a tourné :) après avoir crevé la veille (cf. au dessus), j'ai crevé le lendemain pour aller voir un temple moche à Champasak. toujours sur notre bécane qui filait comme le vent, 10 minutes après environ, un frelon local (genre 5cm, rouge et noir, pas commode) a atterri sur le continent vierge de ma cuisse glabre et l'a fait sien, y plantant en guise d'étendard son... dard. Putain, Raymon Devos, sors de ce corps! Et mon dieu, ça fait très maaaaaaaaaal. 5 jours d'enflure, de croutelles, de nécrose, d'oedème et compagnie. Le value-pack inflammation tropicale que même le baume du tigre n'y peut plus rien. Tout ça pour un temple moche, s'en était trop, on s'est cassés.

Cap sur l'extreme sud, donc : SiPhanDon ou les 4000 îles. Un élargissement du Mékong grand de 14km, des rapides impressionnants et une vie paisible, sans électricité ni Internet ni rien qui ressemble à un vehicule à moteur, exception faite des bateaux, bien sur... on y a passé béatement 4 jours, entre une baignade dans le Mékong dont je ne parlerai pas tant elle fut frustrante (c'est boueux, ça pue, ça fait des bulles autour de toi et les fantômes faméliques de ragondins imparfaitement décomposés te disputent les quelques plages de cailloux pointus), des expéditions en vélo pour aller voir un chemin de fer français en ruines et de longues soirées à lire à la bougie. Si vous voulez prendre l'avion 15 heures et le bus une 15aine d'heures supplémentaires pour trouver l'île de Ré en plus calme, allez-y. On a adoré! On a bien mangé aussi, chez une vieille lao joviale qui nous a fait goûter une papaya salad délicieuse et un laap (sorte de salade lao à la viande hachée) succulent. On a rencontré un hollandais couchsurfer très rigolo et on a hamaqué comme des bienheureux. Coooool. Nos kips arrivant à leur fin, on a fait les sacs et pris un bateau puis un minibus puis un pickup puis un autre pickup pour passer la frontière et entrer au Cambodge. Hop! Oui, hop! (Vio', ma période de poisse n'est pas encore terminée)

Je ne m'attarde pas, pour de vrai, sur le trajet jusqu'a Phnom Penh. Juste raconter qu'on a goûté des bouchées de porc cru (taenia mon amour) mariné au vinaigre et aux piments dans des feuilles de banane roulées, et que c'était divin (Lolo, tu étais en manque de trucs culinaires, j'ai pensé à toi). Puis on est arrivés à Phnom Penh. Je ne parlerai pas de Phnom Penh parce qu'il y a trop à dire. Impasse. Le fait saillant, c'est qu'on a retrouvé JB qui nous a embarqués dans un plan un peu... baroudeurs. Le coeur léger et le bagage mince (j'me voyais déjà etc...) on a loué 2 HONDA 250 Baja (c'est la version baroud de la XR, la machine de guerre qui vient à bout de toutes les pistes d'Asie du sud-est, celle dont le simple nom suffit à redonner de la vigueur aux animaux de trait fourbus : 2 gros yeux de mouche devant, un porte bagage derrière, des protections de tous les côtés et dessous, des pneus, mais alors des pneus...) et on a mis le cap au sud, direction la côooooote. 150km de route nationale : de l'asphalte au milieu, sur une file que tout le monde se partage tant qu'il n'y a pas un camion ou deux ou trois, et deux bandes de terre (colorent, la terre, les lacs, les rivières, d'un peu d'enfer, le Co-ne-ma-ra) sur les côtés où tout le monde se réfugie dès qu'un ou deux ou trois camions surgissent en même temps. Toute cargaison dehors et naturellement à tombeau ouvert. Avec des petits ponts de bois qui rétrecissent considérablement la bande passante tous les 5-6 kilomètres. On a laissé les sacs à la seule guesthouse qu'on a trouvée et on a filé à la plage. De Kep : la Saint-Trop' fantôme du Cambodge, snob en diable dans les années 20, puis vidée par les guerres, les khmers rouges, la maladie et la misère, ne subsistent que des villas ouvertes aux 4 vents et des plages dont le sable, transporté en camions il y a près d'un siècle, a été volé depuis pour être revendu ici et là. Laid, triste, sale, désesperant mais tellement photogéniiiiique ! On a mangé du crabe au poivre vert (2 produits locaux) à s'en faire péter le bide devant un coucher de soleil sur la mer, époustoufflant ; et à la nuit, on a regagné l'auberge. Mon calvaire a commencé 5 heures après (salmonelle ?) : fièvre de cheval, suées de chacal en sueur et pour ce qui est de la diarrhée, je n'en parlerai pas. Ca a duré 48 heures (salmonelle?). Rideau.

Dès que j'ai pu tenir sur mes jambes, JB et Mercè m'ont fait remonter sur la Baja, Mercè en passagère, bien sûr, pour attaquer la montée au plateau de BOKOR : sur un promontoire majestueux et inaccessible, sorte de LaBourboule cambodgienne des années 20, les Français on fait construire là-haut, à 35km de la côte, un casino-hotel de luxe, des restaurants, un complexe royal et des amusements divers, tout un village pour les riches colons et leurs familles. C'est dans le même état qu'à Kep et très très très beau. En ruines au mileu de la lande, fantômatique à souhait et tellement photogénique ! Le seul hic, c'est que pour franchir les 35km, il n'y a qu'une piste connue pour être LA pire du Cambodge. Autant dire 35km d'enfer sur les cuisses et les avant-bras, dans les ornières et les pierres. Ornières et pierres tellement énooooormes que je suis prêt à parier que sur Google earth, en zoomant un peu, vous les verrez ! Les Baja ronronnent, sur leur terrain, et nous emmènent à bon port en un peu plus de 2 heures et quelques minutes de pluie. On passe une journée de rêve à sillonner le plateau de long en large, avant de redescendre plus légers d'une dizaine de litres d'eau. La descente a été nettement plus rapide (on ne déplore qu'une chute peu spectaculaire et assez ridicule du couple Antoine-Mercè, sans conséquences ou presque), avec de belles mares de boue et un final nocturne, aux phares. Des photos assez spectaculaires à l'appui bientôt, promis.
Départ de Kampot ce matin à la fraîche, on est rentrés à Phnom Penh il y a quelques heures et on part pour Angkor demain. Voilà pour l'instant, on va fermer (chez Eugène, Madeleine ne viendra pas) le cybercaf', donc je file... Des bises à tous et plein de pensées de nous 2.

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