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mardi 30 décembre 2008

le carnet de voyage (7) - avril à septembre 2007

Semaine 7 – Thaïlande – 14 juin 2007

Sawat Dee Krap ! septième épisode, et je tiens bon. J'espère que vous aussi. Le rythme est pris mais ça devient plus difficile de trouver le temps de me poser devant un ordinateur... Cette semaine a été folle. Pleine à ras bord. Débordante, trépidante. Belle.

Fin de journee, le soleil se couche sur un temple au nom imprononçable mais que la population locale appelle Temple on the hill. Pas particulièrement beau ni ancien ni rien, mais comme la lumiere descend sur le stupa doré (je sais pas ce qu'ils ont avec le doré en Thaïlande, mais ils aiment ça, c'est sur), on tombe sur un jeune israélien et un jeune moine bouddhiste en train de jouer au ping-pong sous le préau du temple. Le moine a été champion avant de se consacrer à des loisirs plus contemplatifs et moins terrestres. Il a de bons restes et le tournoi oechuménique (pardon papa, je ne sais toujours pas écrire ce mot) dans lequel on s'engage est sans pitié. Surtout que ledit moine - très boudhiste-joueur-de-go dans l'âme - ne dévoile de sa force que ce qui est nécessaire pour gagner mais pas trop, sans te mettre une branlée dans les règles. SangoKu, il pourrait s’appeler. On redescend du temple sur la colline avec la nuit, on mange très bien dans une gargotte thai et je me pose à Internet pendant que Mercè finit une aquarelle d'avant-hier... il fait frais... c'est le pied... je ferme les yeux une seconde et le flashback commence :

Après une journée fatigante vendredi dernier, à arpenter Bangkok pour partir sans regrets, on a pris le train de nuit pour ChiangMai, au nord, coeur culturel du pays et porte du triangle d'or : insurgés et francs-tireurs birmans, opium au kilo, femmes-girafes et sources chaudes. Les couchettes sont spatieuses mais sans compartiments : des alcôves le long du couloir avec un simple rideau, des ventilateurs dont les moteurs viennent des hélicoptères américains des années 60 et qui couvrent à peine le bruit du train, et des portes donnant sur la voie dont la porte a disparu... on dort étonnament bien et je me réveille vers 6h pour aller, de la porte ouverte sur la campagne thai, grimper à l'échelle et contempler le lever du soleil, le ruban du train et le panache de fumée de la loco diesel. Image de film et exotisme de bon ton, rizières et buffles, maisons sur pilotis, bambous et bananiers partout. Une heure magique.

On est à ChiangMai en début d'après-midi et on échoue dans une guest-house confortable ou on fait la connaissance de 2 américaines, 1 dominicaine (de République dominicaine, pas une soeur) et 1 tanzanienne qui voyagent ensemble. On loue un scooter pour visiter la ville, ses canaux, ses 300 temples, ses boutiques d'artisanat et ses marchés nocturnes. Délicieux, très agréable, calme et paisible. Des gens souriants, une ambiance détendue... On déjeune à la table d'un vieux monsieur thai qui suit des cours d'art boudhique à l'université de ChiangMai et nous parle de sa fille, médecin à Las Vegas. Il rigole parce qu'il connait Las Vegas et que nous, pas. On va voir un temple sur la colline, une cascade assez jolie, on découvre les joies du marchandage pour acheter des bracelets et des pantalons thai. Conclusion ? Il faut diviser par 3 puis lutter ferme pour remonter le moins possible. Si tu commences plus haut, tu te fais avoir. Enfin, on s'inscrit à une journée de cours de cuisine pour le lendemain.

Cours de cuisine simplement génial. Organisé, rodé et huilé pour les touristes, mais peu importe. On commence par le marché local pour découvrir et choisir les ingrédients : sauces et pâtes de curry, épices, herbes, légumes, fruits, viande. Quelle sauce de poisson ? Comment choisir la noix de coco ? A quoi sert la feuille de citron vert ? Je pose LA question qui me hante depuis des années : "comment on choisit les mangues?". Rire du guide-cuisinier, jeune, grand et dégingandé, gay jusqu'a la moëlle et incroyablement gentil et rigolo - son repertoire de vannes en Anglais est à la hauteur de celui de Paul Cabanié (avec tout le respect, Chef), ce n'est pas peu dire - "il faut demander au vendeur et si on a de la chance, lui il sait" ! Okay... de là, on file à l'école de cuisine, on a la démonstration puis on prépare chacun une soupe de poulet au lait de coco, on s'assied et on la mange. Délicieuse. On retourne en classe et on fait pareil avec des nouilles sautées au porc et aux légumes. On s'assied et on mange. Burps… délicieux. On fait pareil avec un curry rouge au poisson. On s'affale lourdement à table et on essaie de finir l'assiette. Sublime, vraiment. Puis vient un sauté de champignons sauce aigre-douce. On rampe jusqu'à la table et on trempe les baguettes dans l'assiette, on les porte poliment à la bouche avant de courir aux toilettes. Tout à fait succulent. Il est 14h, il fait une chaleur torride, on est pleins comme le slip d'un incontinent et il faut maintenant trouver le chemin de la salle de classe pour la démonstration de la papaya salad. On prépare chacun la sienne et on va la regarder dans les yeux, le ventre gonflé, inertes, dans la salle à manger. Vient ensuite le gateau de banane à la vapeur, sublime, et le sticky rice (du riz maintenant !!!!!) pour le dessert. En fait, je noircis le tableau pour rire: tout était vraiment délicieux, le cours agréable, on a appris plein de trucs, rencontré un couple de québécois très sympas, en voyage de noce, discuté un long moment avec notre prof thai (fan de ciné asiatique), on a compris et découvert comment faire de la nourriture différente avec des ingrédients somme toute pas si différents, et SURTOUT, on a bouffé comme des chancres pendant toute la journée ! Inoubliable.

Le soir même, lassés des scooters, on loue une vraie moto (Honda super four 400cc, en assez bon état) et on prépare un petit sac pour le lendemain. Direction Pai. Le trajet pour Pai est un vrai plaisir : une route sinueuse et bien entretenue, 140km de courbes serrées, de montées et de descentes qui rappellent le piémont ariégeois ou l'arrivée à Lacaune. Enfin, la jungle, les camions fous et les gens à 4 sur une mobylette en plus. La mise en garde du lonely planet s'avère vraie : "il y a en Thaïlande une troisième voie de circulation, invisible pour les non-thais, située au milieu de la route, et que tout un chacun peut utiliser à sa guise". Hum… On s'arrête pour manger dans un marché pittoresque à mi-route, on y reste une heure et demie jusqu'à ce que le déluge qui s'est abattu sur nous 5 minutes à peine après notre arrivée s'arrête, on attend que le torrent de boue couvrant la chaussée nous laisse apercevoir la roue avant de la moto, garée sur le bas-côté, et on repart pour le dernier tronçon. On cherche à soudoyer un garde forestier pour qu'il nous laisse aller voir un geyser sans payer les 400 bahts chacun pour l'entrée du parc naturel. En vain, il est inflexible. Tant pis, on en verra d'autres...

Pai est un village délicieux et hanté par le souvenir des hippies occidentaux qui l'ont tiré du néant et de l'oubli il y a une quarantaine d'années. Des bars musicaux qui fleurent bon le vieux jazz poussiéreux et le dreadlocks-ganja-reggae, des boutiques de livres d'occasion, toutes langues et tous genres confondus, des guest-houses qui proposent des "huttes rustiques dans les arbres avec vue sur la riviere pas cher" (comprendre sales et déjà occupées par des punaises, des geckos et des colonies de moustiques). J'avoue que la hutte dans l'arbre qu'on a visitée était trop roots pour moi. Et oui, qui l'eut cru ? On choisit, pour le meme prix - dérisoire - une hutte avec douche CHAUDE (3 semaines après la dernière, c'est un luxe que je goûte sans remords) dans un complexe tenu par le vieux et sympathique mister Jan, un herboriste chinois qui a planté là quelques huttes, un jardin médicinal dont les plantes et préparations sont mises gratuitement à la disposition du voyageur et un sauna gratuit. Seulement voilà: personne n'allume le feu du sauna le matin et les inondations de l'an dernier ont noyé le jardin botanique. Alors, publicité mensongère ? Nooooooon. Et pour le prouver, il offre à Mercè des bouts d'aloe vera machonnés par ses 10 chats, pour qu'elle oigne ses brûlures de friture du cours de cuisine de l'autre jour. Je constate avec soulagement que non, je ne suis pas jaloux : un vieil herboriste chinois peut oindre ma copine d'aloe vera sans que je me mette à bouillir !

Notre voisin est un catalan de Barcelone, pour changer. On discute un peu et puis on file s'inscrire pour une promenade en éléphant. Désolé. C'est un truc débile pour les touristes mais, oui. On en avait envie tous les 2 et faut pas bouder son plaisir... au retour, on prend la pluie sur la moto, on est morts de froid et de fatigue, j'ai la fièvre et une attaque de froid-maladie-désespoir irrationnel. Je dors 10 heures et tout s'arrange. Ce matin, donc, on part rencontrer notre éléphant. Une jeune fille de 47 ans étonnament fraiche et saine. On s'installe à cru sur son dos rapeux et on se balade, un sourire béat aux lèvres, dans la forêt environnante. Après une heure et demie, on pique droit sur la rivière, un marigot boueux et malsain gonflé par les pluies torrentielles de la veille et on le descend pendant un petit quart d'heure jusqu'à ce que, s'élargissant, le courant diminue et l'eau s'apaise. L'éléphante qui n'attendait que ça bascule sur le côté et nous fout à l'eau, puis s'étale dans le courant et nous douche avec sa trompe. Le guide, sur la berge, se bidonne en tirant sur sa pipe à opium puis nous oublie complètement, le regard dans le vide. On rigole un bon coup, on fait les cons avec l'éléphant qui trompe énormément et nous trempe énormément, puis quand il s'assied, on remonte sur son dos et hop! Il se plie en deux, nous refout à l'eau et le guide revient à lui pour recommencer à se foutre de nous, dans l'eau marron, sous la trompe-douche. On rigole un bon coup, on fait les cons avec l'éléphant qui trompe énormément et nous trempe énormément, puis quand il s'assied, on remonte sur son dos et hop! Il se plie en deux, nous refout à l'eau et le guide revient à lui pour recommencer à se foutre de nous, dans l'eau marron, sous la trompe-douche. On rigole un bon coup, on fait les cons avec l'éléphant qui trompe énormément et nous trempe énormément, puis quand il s'assied, on remonte sur son dos et hop! Il se plie en deux, nous refout à l'eau et le guide revient à lui pour recommencer à se foutre de nous, dans l'eau marron, sous la trompe-douche. Heureusement, à la 5ième fois, ça s'arrête, on rentre à la maison, où la patronne, hilare, nous offre un bain dans sa source chaude perso, qui coule derrière la hutte de l'éléphant qui trompe énormément. Après ça, on fait la tournée des temples du coin puis sur le coup de 3 heures, on s'écroule, morts de fatigues et puant l'eau souffrée de la souce chaude, dans notre hutte. On émerge vers 6 heures pour une douche et pour monter au temple sur la colline où nous attend le tournoi de ping-pomg oechumén... enfin, vous êtes déjà au courant.

La suite ? On explore la région demain à moto avant de retourner vers ChiangMai. De là, on ne sait pas trop mais on retrouve possiblement les 4 filles de la pension pour passer au Laos. On verra... Semaine énorme et qui est passée tellement vite. J’avais des a priori négatifs sur la Thaïlande (sexe, drogue, tourisme de masse etc.) et comme souvent avec les a priori, ils cachaient une réalité beaucoup plus complexe et nuancée. Jamais trop tard pour ouvrir les yeux, hein ? On vous embrasse tous, faites gaffe à vous et profitez de l'arrivée des beaux jours ! Peace.

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