quelques idées, quelques images, beaucoup de mots, un peu de moi...


lundi 22 novembre 2010

Nouadibhou, chambre 214


Tu ressembles à l’air qui me colle à la peau:
Lourd et moite il me cloue et me coud à ces draps.
Le jour entre tes cuisses meurt et renaît ; tes bras
Ont sur mes reins, déjà, resserré leur étau.

Seul tombe du plafond où se perdent mes yeux
La rumeur de métal – ô ce souffle glacé
Qui s’abat sur mon front – de l’air conditionné ;
Seul monte de mon ventre l’éclat de tes yeux bleus.

Je ne t’ai pas parlé : y a-t-il rien à dire ?
Ni tu n’as dit un mot en te penchant sur moi.
Et l’écho de ta voix, seul, guide mon émoi,
Comme fouillant la brume la plainte d’un navire.

J’ai dû te convoquer dans l’heure la plus chaude
Et les ombres s’allongent sur mon corps étendu
Et le soir est au port un voile d’or tendu
Dessus tes reins cambrés que la sueur érode.

L’appel à la prière, qui plane sur la nuit
Effleure de son aile en un frémissement
La tiédeur de l’absence et me dit tristement
Que ton souvenir seul caresse mon ennui.